Pétrir l’argile, une évidence pour Sophie MARTIN !
Sculpteur animalier, Sophie MARTIN crée d’une glaise inerte tout le règne animal vivant, de la ferme et de la campagne, de la brousse et des forêts, des rivières et des océans, des arbres et du ciel tout entier.
Une création sans répit, le besoin irrésistible de transformer une masse de terre, besoin sensuel, que sa raison ne peut freiner. Libre, elle observe l’animal, pique une attitude singulière, en interprète alors le mouvement ; et le replace dans la nature et sa vraie vie avec un zeste de fantaisie. Sans humaniser le modèle, en respectant la singularité de chacun dans la biodiversité.
A l’école primaire pour thème de sa première rédaction libre, elle traita le cheval en 5 lignes pour consacrer tout le vide de la feuille à une frise de chevaux suivant à l’amble les carreaux du cahier ! Après son Bac artistique, et trois années d’Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre, c’est auprès de son oncle et de sa tante vétérinaires, les Dr Anne-Marie et Francis Desbrosse que son amour pour l’animal prit véritablement corps dans la terre ; avec comme premiers modèles les animaux sur la table d’examen du cabinet, ou dans l’étable! Elle se consacra à l’anatomie du monde animal. Un animal ça ne pose pas, ça bouge, faut-il savoir comment!
L’acquisition d’un four céramique la fixe définitivement sur sa passion de créer le volume par l’argile. A 22 ans, son choix de vie est fait : elle sera artiste sculpteur animalier.
Le début de sa carrière est marqué par la faune locale et l’univers de la ferme avec des taureaux, cochons, chiens, ânes. Ses chevaux, déclinés dans diverses attitudes, de la plus touchante à la plus cocasse, sont particulièrement admirés. Parmi ses premières expositions, ses chevaux auront leur place dans des haras nationaux, à l’hippodrome de Vincennes et au salon du Cheval. Au fil des années, on remarque une évolution dans sa représentation du cheval qui s’éloigne de l’univers de la chasse et de la course vers l’animal de la campagne avec notamment le cheval de trait. Au niveau des poses également, Sophie Martin privilégiera plus largement l’attitude inattendue, moins traditionnelle, comme le cheval qui se roule ou les premiers pas du poulain par exemple.
Sophie Martin expose aussi bien dans des galeries qu’à l’occasion de salons animaliers comme à Chambord « Game Fair », à Bry sur Marne (Salon incontournable national naturaliste), à l’hippodrome d’Auteuil, ou encore au cercle Gaulois de Bruxelles. Sophie participera également à une exposition dédiée aux percherons au Manoir de Courboyer dans le Parc Naturel Régional du Perche en 2007, ce qui témoigne de la reconnaissance de ses pairs et de son appartenance à la veine naturaliste.
Un séjour d’un an en Egypte, entre 1995 et 1996, à l’occasion d’un voyage d’étude et humanitaire, lui permet de tourner son inspiration vers une nature plus sauvage avec quelques grands représentants de la savane africaine : hippopotame, rhinocéros, girafes et félins.
Très tôt, Sophie Martin a eu à cœur d’investir des lieux emblématiques comme des haras, des lavoirs (à Mougins dans les Alpes Maritimes et à Carrières sur Seine dans les Yvelines), ou bien encore une chapelle à St Léonard de Croissy sur Seine dans les Yvelines, un ancien séchoir à peaux à Chevreuse et d’anciennes halles à St Briac sur Mer. A chaque page de vie, Sophie Martin a su s’ancrer dans sa région.
Grâce à une prise d’assurance suite à ses multiples participations à des expositions collectives ou personnelles, la carrière de Sophie Martin vit un moment charnière vers 2000. Nait à ce moment-là l’envie de travailler en public. Elle s’installe alors à une table avec sa terre et accueille son public en créant sous les yeux émerveillés des visiteurs.
Avec ce dynamisme qui la caractérise, elle participe également à sa première résidence d’artiste dans les haras nationaux de Villeneuve-sur-Lot. Plusieurs musées nationaux et institutions lui ouvrent ses portes tout au long de sa carrière comme le Musée Pompon à Saulieu, le Musée Fragonard de l’ENVA, le Musée de la Céramique à Malicorne et le Musée de la Chasse à Paris.
En 2013, Sophie Martin quitte la vallée de Chevreuse pour la Bretagne Le bestiaire marin fait son apparition à l’occasion de son installation en bord de mer, avec les poulpes, les crabes, les baleines.
Elle ouvre sa galerie du Crabe Bleu à St Lunaire en 2014, avant de choisir de retrouver la campagne, avec son atelier-galerie de la Maison du Pêcheur à Plouër sur Rance en 2023. Depuis son installation, elle présente également des pièces au Domaine de Montmarin à Pleurtuit et à l’Hôtel Castelbrac de Dinard.
Rétrospectivement, Sophie Martin considère que ce qui fait d’elle un artiste c’est sa permanence dans le temps et la reconnaissance de ses pairs pour sa technique. Depuis plus de trente ans, elle est dévouée à ce métier exigeant de création et ne peut envisager passer plusieurs jours sans « sa » terre.